Les troubles des comportements alimentaires (TCA) peuvent avoir des conséquences importantes sur la vie affective, familiale, professionnelle et sociale. Malgré ces difficultés, il est possible de se rétablir de ces troubles.
C'est une perturbation de la relation à l'alimentation, qui survient le plus souvent chez les jeunes filles entre 14 et 18 ans (dans 10% des cas chez les garçons). Il existe des anorexies pré-pubaires (survenant avant l'apparition des premières règles). Ce trouble peut aussi débuter à l'âge adulte.
Perte de poids intentionnelle, induite et maintenue, associée à la peur de grossir et d'avoir un corps flasque,
Maintien d'un poids faible, en dessous des normes pour l'âge et la taille,
Vomissements provoqués et/ou utilisation de laxatifs, coupe-faims et diurétiques,
Dénutrition de gravité variable, s'accompagnant de modifications endocriniennes et métaboliques secondaires et de perturbations des fonctions physiologiques, notamment aménorrhée (arrêt des règles),
Restriction des choix alimentaires,
Pratique excessive d'exercices physiques.
L'anorexie peut apparaître seule ou accompagnée d'épisodes de boulimie, associés à une sensation de perte de contrôle, un profond sentiment de culpabilité, de dépression et d'angoisse, suivis d'une purge des calories absorbées (vomissements, abus de laxatifs et de diurétiques).
La perte de poids se poursuit au-delà d'un poids de référence minimum.
Les préoccupations autour de la nourriture et/ou la forme du corps envahissent l'ensemble du fonctionnement psychique et des relations sociales.
Des signes secondaires apparaissent : disparition des règles, hyperpilosité...
Les préoccupations autour de la nourriture sont l'occasion de conflits systématiques et violents avec l'entourage.
Des vomissements provoqués apparaissent.
L'anorexie survient souvent comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, à la suite d'une déception scolaire ou sentimentale, d'un deuil ou d'un régime amaigrissant commencé suite à une remarque "vexante" sur le physique de la personne.
Un début plus progressif est également possible. Pendant un moment, ces symptômes passent inaperçus de l'entourage, qui a pu encourager le régime au début. Puis, les conflits entre la personne et son entourage deviennent majeurs, celle-ci est décrite comme tyrannique, imposant ses volontés à sa famille, et elle-même décrit sa famille comme ne la laissant pas tranquille, l'épiant et ne pensant qu'à la faire manger.
Un caprice alimentaire.
Un manque d'appétit au cours d'une maladie ou suite à une contrariété.
Une dépression.
La caractéristique d'un "petit mangeur".
Un régime où l'objectif est raisonnable et où le poids perdu amène satisfaction.
Un syndrome d'alimentation élective, où tout changement amène une angoisse importante et conduit à une vie sociale rétrécie.
Une phobie de la déglutition (la peur d'avaler), après un évènement traumatique (fausse route, exploration fonctionnelle), accompagné d'angoisse.
Une phobie alimentaire, en fonction de la couleur des aliments, de la peur des maladies, où une anxiété est toujours présente.
Un trouble obsessionnel compulsif, où la diminution de la prise d'aliments est liée à un besoin de contrôle permanent.
C'est une envie irrésistible de manger sans aucune sensation de faim ou de plaisir. La quantité de nourriture consommée est importante, peut-être ingérée sans mastication et concerner tous les aliments.
La boulimie touche environ 1,5% des 11-20 ans (6 filles pour 1 garçon). Elle débute généralement plus tard que l'anorexie, avec un pic de fréquence vers 19-20 ans. La boulimie masculine est beaucoup plus rare (environ 1 homme pour 10 femmes).
On distingue 2 types de boulimie :
Avec vomissements : le poids est normal ou légèrement inférieur à la normale, cela correspond aux deux tiers des cas.
Sans vomissements : le poids est normal ou légèrement supérieur à la normale.
Préoccupation excessive du contrôle du poids corporel, conduisant à une alternance d'hyperphagie et de vomissements ou d'utilisation de laxatifs.
Accès répétés d'hyperphagie (absorption de grandes quantités de nourriture en peu de temps).
Ce trouble à des points communs avec l'anorexie : préoccupation excessive par les formes corporelles et le poids. Les vomissements répétés peuvent provoquer des perturbations électrolytiques et des complications somatiques. Dans les antécédents on peut retrouver un épisode d'anorexie mentale, survenu quelques mois ou années plus tôt.
La dangerosité de l'anorexie mentale est souvent sous-estimée, voire niée. Des sites internet, des sectes et des personnes vantant les médecines parallèles valorisent même l'extrême minceur !
Détérioration de l'état général : fonte musculaire, chute de la température corporelle, déshydratation, troubles hormonaux, constipation résistante...
Retentissement grave sur le système cardio-vasculaire, voire mortel : hypotension, troubles du rythme cardiaque...
Anomalies cérébrales, parfois incomplètement réversibles après renutrition.
Somatiques : retard de puberté, problème de fertilité, fausses couches, prématurité, retard ou blocage de croissance, atteinte osseuse...
Psychologiques : dépression, anxiété, trouble obsessionnel compulsif.
Sociales : restriction des sorties, contacts, échanges et activités.
"L'enfant anorexique est en danger, parfois pour sa vie et toujours pour sa croissance et son devenir."
Il n'y a pas de cause unique mais des facteurs physiques, psychologiques, familiaux et socioculturels. Sans culpabilité ni reproches inutiles et nuisibles, il faut s'interroger sur les évènements ou les changements qui ont pu avoir un impact sur l'enfant ou l'adolescent(e).
Retrouver le plaisir des courses pour des repas variés.
Valoriser les repas, vrais moments de rencontre et d'échange, sans se focaliser sur la nourriture prise par l'enfant.
Éviter de proposer aux enfants des idéaux de réussite impossibles à atteindre, ou des contraintes éducatives excessives. Les aider à assouplir leurs exigences vis-à-vis d'eux-mêmes.
Se méfier des idées reçues sur le plan alimentaire.
Éviter d'encombrer les enfants avec les difficultés alimentaires ou de poids des adultes.
Respecter les désirs et les choix des enfants, pour les aider plus efficacement, en favorisant leur autonomie.
Favoriser pour l'enfant les loisirs et plaisirs partagés avec des enfants de son âge, l'aider à ne pas s'isoler.
Être positif dans les exigences parentales, plutôt que d'assommer les enfants de critiques.
Le médecin traitant habituel (généraliste ou pédiatre) fera le premier diagnostic, prescrira les examens nécessaires et conseillera sur le choix d'un confrère ou d'une équipe hospitalière. Il sera également le médecin de référence pour assurer le suivi.
Surveillance du poids, de l'état général physique, prescription des examens complémentaires nécessaires, mise en place des traitements adjuvants éventuels (vitamines, fer...)
Évaluation de l'état psychique, recherche d'autres troubles psychopathologiques associés, évaluation de la reconnaissance du trouble et d'un besoin d'aide, afin d'établir une alliance thérapeutique.
Mise en place d'un programme de réalimentation progressive négocié, afin d'aboutir à un contrat décrivant les différentes étapes pour le retour à une vie normale. Les parents y sont associés.
Les familles, en souffrance, doivent être aidées et impliquées dans les soins. Les entretiens familiaux construisent une alliance avec la famille, pour lui apporter soutien et écoute, et pour apprécier l'impact du trouble dans la famille et les dysfonctionnements qui participent au maintien du trouble.
En fonction de la personne, son âge, la gravité du trouble et sa reconnaissance ou pas, une psychothérapie peut être proposée.
Cette prise en charge peut s'appuyer sur des hospitalisations à la journée, à un rythme dépendant de la gravité de l'état de santé physique et psychologique. Son intérêt est de fournir une unité de lieu et de coordination, sans couper le jeune de son insertion familiale, sociale et scolaire.
Complications médicales (trouble cardiaque, déshydratation), ou psychologiques (dépression sévère, idées de mort, refus de soins...). Dénutrition trop sévère et qui met la vie en jeu. Famille débordée, épuisée et qui doit être relayée. Échec du traitement ambulatoire ou en hôpital de jour et poursuite de la perte de poids. Coordination des soins difficile, compte tenu du contexte familial ou de la situation géographique.
Moment difficile, confirmant la gravité de la situation, l'hospitalisation doit s'appuyer sur une décision claire des parents, aidés par le médecin. Idéalement, elle doit se réaliser dans un service ayant une compétence dans le traitement de ces troubles.
Le contrat de soins, négocié avec la personne, engage aussi l'équipe soignante et les parents : c'est le fil conducteur des soins. Le soutien de l'ensemble de l'équipe, les diverses activités proposées (thérapeutiques, éducatives et scolaires), constituent un cadre aidant et dynamisant.
Après une hospitalisation, le retour à la vie normale se fait par étapes, les retours à la maison sont progressifs. L'accompagnement en ambulatoire doit être suffisamment prolongé et solide, pour prévenir les rechutes et donner à tous la sécurité nécessaire pour aborder avec confiance une vie nouvelle.
Médecin traitant : Il peut orienter vers une consultation ou un service spécialisés, en fonction de la gravité de la situation.
Anorexie Boulimie, Info écoute : 0810 037 037
Annuaire national des centres de soins TCA disponible sur le site de l'AFDAS-TCA : www.anorexieboulimie-afdas.fr