Chaque année, près de 10 500 personnes décèdent par suicide (soit près de 3 fois plus que par accident de la circulation) et entre 176 000 et 200 000 tentatives de suicide sont prises en charge par les urgences hospitalières. Le suicide est rarement motivé par une recherche de la mort en soi : il vise d’abord la fin d’une souffrance. C’est pourquoi, le plus souvent, il est susceptible de répondre à une forme de prévention.
La crise suicidaire est une période critique, marquée par un envahissement des émotions, par de grandes difficultés pour se concentrer, par le sentiment profond d'avoir tout essayé et que rien ne marche pour être soulagé. Le vécu d'impuissance est majeur.
Cette crise suit souvent un processus qui comporte plusieurs "stades" ou "paliers" : la personne a d'abord des "flashs" (visions brèves qui donnent l'impression de devenir fou), puis des idées de suicide plus ou moins fréquentes et intenses contre lesquelles elle va lutter mais qui peuvent éventuellement l'envahir ; elle risque alors de passer aux stades de l'intention (prise de décision), de la planification (recherche de moyen, du lieu, des circonstances et du moment) et de la mise en œuvre de son suicide.
>>> Ce processus n'est cependant jamais inéluctable, il peut être arrêté à tout moment. <<<
C'est pourquoi il est primordial d'en parler à un professionnel de santé. Il est possible de se rendre à toute heure du jour ou de la nuit aux urgences de l'hôpital le plus proche, dans un centre d’accueil et de crise ou encore d'appeler un centre d'appels spécialisé.
"Parler de suicide à un suicidaire est dangereux"
FAUX ! Accepter d'en parler c'est permettre à l'autre de se sentir reconnu dans sa souffrance, de rompre son isolement.
"Ceux qui se suicident sont des malades"
FAUX ! Tout le monde peut, un jour ou l'autre, penser au suicide devant des difficultés qui apparaissent insurmontables.
"Ceux qui en parlent ne le font pas"
FAUX ! Il faut toujours prendre au sérieux quelqu'un qui parle de suicide. Toute tentative de suicide doit être prise au sérieux.
"Le suicide est imprévisible, on n'y peut rien"
FAUX ! La plupart des tentatives sont annoncées de façon plus ou moins explicite.
"Le suicide est un choix individuel, on a pas à intervenir"
FAUX ! Celui qui pense au suicide se sent au contraire dans une impasse et considère qu'il n'a plus le choix.
"Le suicide est héréditaire"
FAUX ! Il n'y a pas de gène du suicide.
"Ceux qui avalent des médicaments ne veulent pas mourir"
FAUX ! Il n'y a pas d'adéquation entre la gravité de l'acte et son motif.
Toute tentative, même la plus bénigne, doit être prise au sérieux.
"Ceux qui veulent se suicider veulent mourir"
FAUX ! Ils ne veulent simplement plus souffrir.
>>>Les indicateurs ci-dessous ne doivent pas être pris isolément.
C'est l'addition de plusieurs d'entre eux qui doit alerter l'entourage.<<<
Je vais me foutre en l'air.
J'ai envie de faire une bêtise.
Je n'embêterai plus personne.
Ceux qui se suicident sont courageux.
Ce sera beaucoup mieux pour tout le monde.
Je déçois tout le monde.
Je ne compte pour personne.
Je n'ai pas ma place ici, je ne sers à rien.
Il n'y a plus d'espoir, plus d'issue, je suis dans l'impasse, je ne peux plus m'en sortir.
Je suis un raté, j'échoue partout.
Ma vie n'a plus de sens.
Tristesse, mélancolie.
Troubles de la mémoire, de la concentration.
Incapacité à faire des projets.
Fatigue inhabituelle.
Troubles alimentaires (anorexie, boulimie).
Troubles du sommeil.
Laisser-aller de l'hygiène et du vêtement.
Difficultés à travailler, à s'occuper de ses affaires.
Perte de l'envie de rencontrer des amis, de se distraire.
Isolement, retrait, abandon d'activités socio-culturelles ou sportives.
Exubérance, sorties excessives.
Consommation abusive d'alcool, de tabac, de drogues, de médicaments...
Consultations répétées chez le médecin.
Prises de risques excessives.
Intérêt pour les armes à feu.
Agressivité inhabituelle.
Dégradation des résultats scolaires ou, au contraire, surinvestissement accompagné de stress, d'angoisse.
Absentéisme scolaire, fugue.
Don d'objets de valeur, très personnels comme guitare, scooter, portable, MP3...
Si une personne de votre entourage manifeste une envie de suicide, les premières attitudes recommandées sont les suivantes :
essayez d’établir un lien et une relation de confiance avec la personne en adoptant une attitude de bienveillance, d’écoute, de dialogue et d’alliance qui favorisera le recours aux réseaux d’aide et de soins.
évaluez le degré d’urgence du risque suicidaire en cherchant à savoir comment, où et quand la personne prévoit de s'y prendre. Plus son plan est précis, plus vous devez agir rapidement. Selon son état, contactez les secours d’urgence ou son médecin traitant.
ne laissez jamais seul quelqu’un qui pourrait faire une tentative de suicide imminente.
agissez calmement, en donnant un sentiment de contrôle.
respectez vos propres limites et n’assumez pas seul(e) la situation. Cherchez de l'information et du soutien auprès d'un intervenant qualifié. Si nécessaire, demandez aussi un accompagnement psychologique pour vous-même : cela peut vous aider à prendre du recul et à mieux réagir.
Différentes formes de psychothérapie peuvent apporter un soutien et le soulagement de certains symptômes et diminuer ainsi le risque suicidaire. Dans les situations de crise aiguës, une hospitalisation temporaire, parfois sans consentement, peut être nécessaire, afin de protéger la personne.
Si quelqu’un dans votre entourage pense au suicide :
ne passez pas outre d’éventuels signes suicidaires précurseurs ;
ne mettez pas en doute l’intention de la personne de faire une tentative de suicide. Évitez aussi de vous moquer d’elle, de la provoquer, de la mettre au défi de passer à l’acte ;
ne lui promettez pas de ne rien divulguer. Vous n'avez pas à considérer ce qu’elle vous a confié comme un secret. Votre silence risquerait en effet de limiter les interventions possibles et de vous faire porter l’entière responsabilité de la situation (or, il est préférable de ne pas essayer de résoudre le problème seul) ;
n’invoquez pas une obligation à vivre pour les proches, ni toutes les bonnes raisons de ne pas se suicider ;
ne comparez pas la situation de la personne à celle de quelqu’un d’autre pour dédramatiser ;
ne lui dites pas qu’elle devrait être reconnaissante de votre aide.
Si vous ressentez une souffrance psychologique, prenez votre situation au sérieux. Ne restez pas seul, confiez-vous à vos proches et demandez de l’aide. Consultez dès que possible, avant de ne plus être capable de mener vos activités habituelles, notamment si :
vous souffrez au point que vos émotions vous empêchent de vivre normalement.
vous avez du mal à assumer vos responsabilités professionnelles et / ou familiales.
vous vous sentez désespéré, vous avez des idées noires ou suicidaires.
Un professionnel de santé pourra vous proposer une prise en charge adaptée à vos besoins.
En cas de risque de suicide avéré et imminent : idées suicidaires, projet/scénario de suicide et/ou accès à des moyens létaux,
Se rapprocher des services d’urgence
Appeler le Samu 15 ou le 112 (numéro européen)
Appeler SOS Médecin
Si le risque de tentative de suicide est moins important et que la situation paraît moins urgente :
Le médecin généraliste : il est conseillé de demander l’avis de son médecin traitant qui pourra, le cas échéant, orienter vers un spécialiste :
Un médecin psychiatre ou un psychologue
Le centre médico-psychologique de secteur (CMP)
Tous ces services d'écoute sont anonymes.
SOS Amitié : 09.72.39.40.50 (24h/24, 7j/7)
Suicide écoute : 01.45.39.40.00 (24h/24, 7j/7)
Fil santé Jeunes : 0800 235 236 (7j/7, de 9h à 23h)
Phare Enfants-Parents : 01.43.46.00.62 (du lundi au vendredi de 10h à 17h)
SOS Suicide Phénix : 0 825 12 03 64 (7j/7,de 16 h à 23 h).