Addictions

L'usage d'alcool, de drogues ou la pratique du jeu excessif peuvent concerner tout le monde. Mais leurs effets, leurs dangers sont parfois peu connus et souvent mal appréciés.

Que ce soit par plaisir ou pour supporter des difficultés, pour faire comme les autres ou par habitude, juste une fois ou tous les jours, l'usage de substances psychoactives ou la pratique excessive du jeu comportent des risques et peuvent conduire à une dépendance.

Les troubles addictifs peuvent avoir des conséquences importantes sur la vie affective, familiale, professionnelle et sociale. Malgré ces difficultés, il est possible de se rétablir de ces troubles.

Qu'est-ce qu'une addiction ?


Consommer de temps en temps ou régulièrement des produits psychoactifs légaux (alcool, tabac, certains médicaments) ou illégaux (cannabis, autres drogues), passer du temps à jouer à des jeux vidéo, en ligne ou d'argent, n'a pas forcément de conséquences sur la santé.

Les consommations deviennent abusives et dangereuses quand :



Par exemple, boire de grandes quantités d'alcool en un temps très court (ivresse aiguë) peut mener au coma, consommer de l'alcool et du cannabis peut entraîner un accident de la route ou un rapport sexuel non consenti, consommer des produits illégaux peut entraîner des problèmes judiciaires...


Chaque personne réagit différemment aux produits toxiques, légaux et illégaux. Pour certains, même une consommation minime peut entraîner des troubles graves !


On parle d'addiction quand une personne est dépendante à un produit ou à un comportement (jeux, internet, sexualité compulsive). La consommation et la recherche du produit ou de l'activité envahissent la pensée, les occupations et les relations, et finalement prennent toute la place dans la vie de la personne.

Les activités habituelles (études, travail) et les relations sociales et affectives avec ceux qui n'ont pas les mêmes préoccupations diminuent. Certains produits entraînent une accoutumance : on a besoin d'augmenter les doses pour ressentir les mêmes effets. L'addiction peut passer d'un produit à un autre ou additionner les produits et les comportements.

Pour sortir de l'addiction, il ne suffit pas d'arrêter un produit, ou un comportement, mais il faut réussir à se dégager de ce fonctionnement addictif, en essayant d'en comprendre le sens pour soi.

Les troubles addictifs regroupent : alcoolisme, toxicomanies, tabagisme et addictions comportementales (jeu, internet...). Les substances psychoactives à risque de dépendance (alcool, tabac, drogues...) agissent sur le circuit de récompense du cerveau.

Ce circuit est impliqué dans le plaisir lié à des comportements, notamment de nutrition et de reproduction de l'espèce. Les substances psychoactives sollicitent anormalement ce circuit naturel et entraînent la possibilité de son déséquilibre permanent. Plus on consomme un produit à des doses toxiques, plus on subit les conséquences. A l'inverse, moins on consomme un produit, ou si on le consomme à des doses non toxiques, moins on en subit les conséquences.


On distingue 4 catégories d'utilisateurs :



Le diagnostic des troubles addictifs


Vous êtes dépendant(e) quand consommer devient un besoin et que vous ne pouvez plus vous en passer. Une dépendance s'installe de manière différente en fonction des personnes, des produits et des situations. De plus, c'est un processus progressif où il est difficile de percevoir le passage de la "consommation plaisir" à l'habitude puis à la dépendance.


On distingue la dépendance (l'addiction) et l'usage nocif ou l'abus de substance :




Addiction aux drogues illicites

Héroïne et opiacés

La dépendance à l'héroïne est marquée par une forte tolérance : tout usage régulier entraîne rapidement une augmentation des doses. Elle produit aussi une forte dépendance physique. Une fois l'organisme habitué au produit, l'arrêt de l'intoxication provoque un syndrome de sevrage ou "manque physique" (douleurs diffuses, angoisse, insomnie, nausées, vomissements, diarrhée).

Les risques sont : la surdose qui peut conduire au coma avec dépression respiratoire, la contamination par le virus de l'hépatite C (64% des utilisateurs) ou du sida (13%).


Cocaïne et crack

La dépendance à la cocaïne ou au crack est marquée par des impulsions irrésistibles à reprendre le produit (le "craving"). Les sevrages sont souvent suivis de phases dépressives. L'utilisation chronique de cocaïne peut entraîner des épisodes délirants de type paranoïde (idées de persécution), des états d'excitation avec agressivité voire des passages à l'acte.

La cocaïne augmente le rythme cardiaque et la tension artérielle, avec des risques vitaux importants, notamment en cas de surdose.


Ecstasy

L'ecstasy peut entraîner une forme de dépendance et comporte des risques psychiques : crise de panique, épisodes aigus avec hallucinations.

L'ecstasy a pu être responsable d'accidents par hyperthermie dans certaines soirées festives. Sa neurotoxicité au long cours est toujours discutée.


Cannabis

La dépendance est plus rare que pour d'autres drogues, mais elle existe, en particulier la dépendance psychique.

Les dangers du cannabis sont à la fois de type tabac (pour les bronches et les poumons) et de type alcool (pour l'ivresse). La fumée de cannabis contient des produits cancérigènes en grande quantité. L'ivresse euphorique peut faire place à des crises d'angoisse, voire de "parano" et, chez des personnes fragiles, déclencher un état psychotique.

Évaluez votre consommation de cannabis (Test CAST)


3 réponses positives ou plus = consommation à problèmes.

Addiction aux médicaments psychotropes

Les tranquillisants et les somnifères (anxiolytiques et hypnotiques de la famille des benzodiazépines) entraînent 2 types de dépendances :



Associés à l'alcool, ils en augmentent les effets et conduisent souvent à des épisodes de passage à l'acte avec amnésie antérograde (oubli à mesure). Ces médicaments ont aussi pu être utilisés comme "drogue de soumission" de façon criminelle (viols, vols...). 

En 2010, 18% des 18-75 ans déclarent avoir pris au moins un médicament psychotrope au cours des 12 derniers mois.

Addiction à l'alcool

Un usage nocif peut entraîner cancers, maladies du foie et du pancréas, troubles cardio-vasculaires, maladies du système nerveux et troubles psychiques (anxiété, dépression, troubles du comportement).  En 2015, on estime que 49 000 décès par an sont attribuables à l'alcool.

Le simple usage (non abusif), peut-être défini comme une consommation d'alcool qui n'entraîne pas de conséquences sur la santé du consommateur, ni de troubles du comportement ayant des conséquence sur l'entourage.

Il existe des dépendances acquises très tôt, chez des personnes jeunes, qui recherchent l'ivresse et perdent facilement le contrôle de leur consommation. Mais il existe aussi des dépendances installées progressivement, chez des personnes qui boivent régulièrement, avec peu d'épisodes d'ivresse. L'alcoolodépendance, malgré sa fréquence et la gravité de ses conséquences, est trop souvent prise en charge très tardivement, du fait des difficultés des personnes à admettre le problème et à demander de l'aide.

Évaluez votre consommation d'alcool (Test DETA)


4 réponses positives = consommation à problèmes.

Addiction comportementale

La dépendance au jeu d'argent et de hasard est la principale "addiction sans drogue". En France, 0,4% de la population correspond au critère de jeu pathologique, auxquels s'ajoutent 0,9% de joueurs à problèmes. Elle est responsable de surendettements, de dépressions, voire d'actes de délinquance. 

Les plus addictifs sont les jeux à résultat instantané (machines à sous de casinos, Rapido, cartes à gratter et courses sur écran). Comme pour l'alcool, les personnes ont beaucoup de difficultés à parler de leur problème et à demander de l'aide.

Dans le cas du jeu, ce phénomène est encore aggravé par l'idée qu'un gain miraculeux suffirait à résoudre tous les problèmes de dettes : les joueurs tentent de "se refaire", et mettent longtemps à comprendre que seul l'arrêt du jeu peut leur permettre de s'en sortir.

Comment soigne-t-on une addiction ?


Des interventions brèves, des conseils simples peuvent aider la personne à prendre conscience de ses difficultés et à demander de l'aide. La plupart des addictions sont des problématiques au long cours, avec des rechutes

Certaines doivent être prises en charge par des équipes pluridisciplinaires dans des lieux spécialisés. Le traitement présente plusieurs dimensions :


La psychothérapie

Elle apporte un soutien et une information adaptée sur les mécanismes de dépendance, les effets du sevrage, les risques et modalités de rechutes. 

Elle propose d'autres façons de faire face au stress, aux difficultés. Elle permet de prendre du recul par rapport à ses problèmes, son histoire et le sens que peut y prendre l'addiction.


L'hospitalisation

Indiquée dans certains sevrages (alcool, drogues, médicaments) ou lors d'épisodes dépressifs. Les centres de post-cures, les séjours en centres résidentiels ou en famille d'accueil peuvent permettre un changement de contexte, une rupture avec un mode de vie trop lié à la conduite addictive.


Les traitements médicamenteux

Les traitements de substitution (pour les opiacés et le tabac) ou les traitements de sevrage peuvent être prescrits, ainsi que des traitement contre la dépression ou l'angoisse.


Le soutien social

Le soutien et les conseils aident à soigner les addictions. Parfois, l'accompagnement dans des démarches sociales peut être utile. L'accueil et le soutien de l'entourage est essentiel. Des séances de thérapie familiale peuvent être proposées. Des groupes de parole existent pour la plupart des addictions.


L'entraide mutuelle

Les associations d'anciens dépendants apportent soutien et entraide pour les personnes touchées et leurs proches.


Comment aider un proche à prendre conscience de son addiction ?


Accepter que l'on a besoin d'aide n'est jamais facile. Que ce soit par déni, par peur de ne pas arriver à changer ou par peur de décevoir. C'est pourquoi avant d'aider un proche, je vous suggère de demander conseil à un professionnel compétent. 

S'informer est nécessaire, mais cela ne suffit pas toujours à résoudre les difficultés rencontrées. En parler, échanger des idées, exprimer vos émotions, vos difficultés, demander de l'aide...ne pas rester seul(e), c'est aussi une manière d'agir.


Où et à qui s'adresser ?


Il est conseillé de demander l'avis de son médecin habituel qui peut orienter vers une consultation ou un service spécialisé, en fonction de la gravité de la situation. L'infirmière scolaire peut jouer ce rôle auprès des jeunes.


Les lignes d'écoute

Par téléphone, 7 jours sur 7, vous pouvez poser vos questions, vous informer, trouver des adresses utiles ou demander de l'aide, de manière confidentielle et anonyme.