Burnout

Stress, burnout, risques psychosociaux (RPS), troubles psychiques,  beaucoup de mots sont utilisés pour décrire ce que l'on peut appeler plus globalement les problèmes de santé mentale dans l'emploi. Cette page propose des repères pour les comprendre, les prévenir et des ressources pour accompagner au mieux les personnes et les organisations.

Introduction

Le travail peut avoir des effets bénéfiques sur la santé mentale en renforçant le sentiment d'inclusion sociale, d'identité professionnelle et d'estime de soi. Mais il peut aussi être à l'origine de problèmes de santé mentale. 

Le burnout par exemple est désormais reconnu comme un risque réel lorsque les conditions de travail génèrent des tensions émotionnelles fortes. 

Une prise de conscience de la part des pouvoirs publics et des employeurs est en cours pour trouver des solutions adaptées et faciliter l'accès et le maintien en emploi. Des personnes concernées par des troubles psychiques osent maintenant évoquer leurs difficultés et leurs réussites, mais le sujet reste encore trop souvent tabou. Les personnes cachent leurs problèmes de santé mentale de peur d'être stigmatisées ou de perdre leur emploi ; les employeurs évitent le sujet, craignant d'être jugés et montrés du doigt.

C'est par la mobilisation de tous que la santé mentale au travail sera mieux prise en compte, et que les regards évolueront sur ces problématiques.

"Les temps modernes" de Charlie Chaplin, 1936

Quelques repères


Santé mentale

"État de bien-être permettant à chacun de reconnaître ses propres capacités, de se réaliser, de surmonter les tensions normales de la vie, d'accomplir un travail productif et fructueux et de contribuer à la vie de sa communauté" (OMS)

Les risques psychosociaux (RPS)

Regroupent le stress au travail, les harcèlements et violences internes ou externes au travail, le syndrome d'épuisement professionnel (burnout). Les RPS peuvent se traduire par l'expression d'un mal-être ou d'une souffrance au travail, des conduites addictives, une dégradation de la santé physique et mentale.

Burnout ou syndrome d'épuisement professionnel

Le burnout (littéralement se consumer de l'intérieur) est un processus dont la phase finale se traduirait par un état d'épuisement professionnel (à la fois émotionnel, physique et psychique) ressenti face à des situations de travail "émotionnellement" exigeantes.

Santé mentale et emploi : un fragile équilibre


Lutter contre les fausses croyances


Les stéréotypes et les fausses croyances persistent dans le monde du travail. De fait, de nombreuses personnes n'osent pas parler de leurs troubles psychiques de peur d'être stigmatisées, mises à l'écart, de perdre leur crédibilité professionnelle, voire leur emploi.


Idée reçue : "on ne peut pas prévenir les risques psychosociaux (RPS). On ne peut agir que si le collaborateur est déjà en souffrance"

Réalité : Il est possible d'intervenir en amont et de prévenir les risques psychosociaux et le mal-être au travail (gestion du stress, coaching, cellule d'écoute, gestion de la violence). C'est même une obligation des employeurs qui doivent tout faire pour garantir le risque 0.


Idée reçue : "il faut vraiment être fragile psychologiquement pour faire une dépression à cause de son travail"

Réalité : Le travail a connu de profondes transformations (intensification des rythmes, précarisation, automatisation, dématérialisation) qui peuvent engendrer des effets néfastes sur la santé psychique et mentale.


Conditions de travail et situations à risque

Si le travail peut contribuer à une bonne estime de soi, de mauvaises conditions de travail peuvent entraîner des problèmes de santé mentale ou aggraver des troubles psychiques existants. Même si les effets ne sont pas systématiques, il est important de connaître les six catégories de facteurs de risques : 


Intensité et temps de travail 

Cela comprend les notions "d'exigences psychologiques" et "d'efforts", les contraintes de rythme, l'existence d'objectifs irréalistes ou flous, l'exigence de polyvalence non maîtrisée, les instructions contradictoires, les longues journées de travail, le travail en horaires atypiques et l'imprévisibilité des horaires de travail.

Exigences émotionnelles

Cela fait référence à la nécessité de maîtriser et façonner ses propres émotions. Elles concernent essentiellement les métiers de services où l'image de l'employeur est en jeu : exigence de sourire ou de bonne humeur, tensions avec le public, contact avec la souffrance ou la détresse humaine.

Manque d'autonomie

L'autonomie désigne ici la possibilité d'être acteur dans son travail. Elle rejoint la notion de "latitude décisionnelle" et inclut les marges de manœuvre (la possibilité de s'auto-organiser dans son travail), la participation aux décisions qui concernent directement son activité, ainsi que l'utilisation et le développement de compétences.

Rapports sociaux au travail

Ils incluent les relations avec les collègues ou avec la hiérarchie, les perspectives de carrière, l'adéquation de la tâche à la personne, les procédures d'évaluation du travail, l'attention portée au bien-être des collaborateurs. Ils portent également sur les "pathologies" des rapports sociaux comme le harcèlement moral.

Conflits de valeurs

Il s'agit de tous les conflits intrapsychiques dus au décalage entre ce qui est exigé au travail et les valeurs professionnelles, sociales ou personnelles des collaborateurs.Par exemple : faire un travail que l'on juge inutile, vendre un crédit à des personnes à très faibles revenus, faire la promotion d'une méthode que l'on sait inefficace, etc.

Insécurité de la situation de travail

Cela comprend l'insécurité socio-économique (peur de perdre son emploi, non-maintien du niveau de salaire, contrat précaire) et le risque de changement non maîtrisé de la tâche et des conditions de travail (restructurations, incertitude sur l'avenir de son métier, etc.)


Répercussions sur les collaborateurs

Ces risques, potentiellement présents pour tous les collaborateurs, peuvent être plus prégnants pour ceux qui sont en situation de souffrance ou de handicap psychique. Les problèmes de santé mentale peuvent avoir des répercussions sur les autres collègues et l'organisation : 


Santé mentale et emploi au quotidien


Comportements favorables au dialogue dans l'emploi

L'objectif est de prévenir au maximum les situations d'isolement des personnes concernées par une souffrance ou un trouble psychique. Le risque le plus fréquent est le manque de dialogue et de transparence, qui isole la personne, peut entraîner une situation d'incompréhension pour l'entourage professionnel et une mise à l'écart progressive du collaborateur par ses collègues.

L'enjeu est de créer un espace de discussion en confiance entre le responsable hiérarchique, le collaborateur, les responsables des ressources humaines et le médecin du travail.

Dans certaines entreprises, des" cellules de maintien dans l'emploi" réunissant des professionnels variés autour de la situation professionnelle d'une personne en difficulté de santé, peuvent être des espaces adaptés au dialogue et à une réflexion partagée.


Aménagements favorables à l'accès et au maintien dans l'emploi

A l'échelle individuelle et du poste de travail, des aménagements permettent à la personne de se maintenir durablement dans l'emploi. Ils sont généralement préconisés par le médecin du travail ou le médecin de prévention ou mis en place à la demande du collaborateur :

Souplesse des horaires

Le temps partiel thérapeutique est parfois utilisé sur les conseils du médecin du travail.

Management / encadrement soutenant

Cela signifie se préoccuper du collaborateur autant que de sa contribution à l'entreprise. En étant présent dans les moments difficiles par une écoute et une disponibilité, le manager ne laisse pas seul le collaborateur face aux obstacles professionnels qu'il rencontre. Il peut analyser les erreurs pour les prévenir et améliorer l'organisation collective du travail.

Reconnaissance

Les retours positifs par les collègues et les supérieurs hiérarchiques sont des signaux puissants pour aider la personne à se maintenir dans l'emploi et à ne pas perdre confiance : valorisation des missions accomplies, reconnaissance de l'engagement dans les projets, consultation sur des choix, information sur les changements, le calendrier à venir, etc.

Organisation des tâches

Il arrive que l'anxiété, l'angoisse de mal faire ou la perte de confiance en soi empêchent la personne d'organiser son travail sur le long terme. Le fait de redéfinir simplement avec le supérieur hiérarchique les tâches confiées, les attendus, rappeler les missions du jour, faire un point quotidien sur les objectifs, permet de donner un cadre sécurisant pour le collaborateur.


Ces comportements aident la personne à retrouver confiance en elle et améliorent l'estime qu'elle a d'elle-même. Dans certains cas en effet, la personne ne perçoit plus ce dont elle est capable et s'inquiète de la qualité de son travail.

Obligations des employeurs


L’employeur doit prendre les mesures pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs :

Appliquer les principes généraux de prévention 

Rédiger un document unique d’évaluation des risques 

Mettre en œuvre des mesures de prévention du harcèlement moral et de la discrimination

Consulter les représentants du personnel sur ces questions

Les personnes ressources


Le premier interlocuteur, pour le collaborateur et pour l'employeur, est le médecin du travail et plus largement le service médical.

Le médecin du travail

Il peut conseiller sur les soins nécessaires, éventuellement se mettre en contact avec le médecin traitant ou le psychiatre, mais aussi éclairer sur des points de vigilance par rapport à l'emploi. L'employeur peut lui demander conseil ou le solliciter pour une visite s'il perçoit le collaborateur en difficulté. Le médecin du travail peut proposer d'éventuels aménagements du poste de travail. Inversement, la personne peut demander à voir le médecin à tout moment.

Les autres professionnels des services de santé au travail

Infirmiers, assistants sociaux et psychologues du travail sont des personnes à l'écoute, qui peuvent être un réel soutien pour la personne en difficulté sur son poste de travail, notamment pour faire face à une situation d'urgence (crise d'angoisse, de panique, pleurs, etc.) ou aider dans le quotidien.

Le manager de proximité

C'est une personne centrale lorsqu'il est dans une posture de bienveillance, d'écoute et de compréhension à l'égard du collaborateur. Le soutien managérial et la réflexion partagée sur les conditions favorables au maintien dans l'emploi sont déterminants pour aider la personne.

Le psychologue 

Les consultations de souffrance au travail sont ouvertes à tous les collaborateurs en difficulté psychique du fait de conflits, harcèlement, épuisement liés au travail. Elles apportent un soutien thérapeutique extérieur à l'entreprise, non jugeant, pour analyser une situation professionnelle source de souffrance et y faire face.