Bipolarité

Le trouble bipolaire est un trouble de l'humeur (auparavant intitulé : psychose maniaco-dépressive). Il se caractérise par une variation anormale de l'humeur : alternance de périodes d'excitation (manie ou hypomanie) et de dépression, voire de mélancolie profonde, entrecoupées de périodes de stabilité. Le terme "bipolaire" évoque les deux pôles manie et dépression, entre lesquels l'humeur oscille.

Les troubles bipolaires sévères touchent 1 à 2% de la population, et trois fois plus dans leurs formes moins graves. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ils comptent parmi les dix maladies les plus invalidantes. Le diagnostic est souvent fait tardivement (8 à 10 ans d'évolution), ce qui peut aggraver le pronostic.

Les troubles bipolaires peuvent avoir des conséquences importantes sur la vie affective, familiale, professionnelle et sociale. Malgré ces difficultés il est possible de se rétablir de ces troubles.

Les troubles bipolaires


Entre 5 à 10% des personnes ayant des épisodes dépressifs caractérisés peuvent également connaître des épisodes maniaques. Pour qu'un diagnostic de trouble bipolaire soit posé, il faut qu'il y ait eu au moins un épisode dépressif caractérisé et un épisode maniaque ou hypomaniaque. Plus de 90% des personnes ayant connu un épisode maniaque présenteront d'autres épisodes de troubles de l'humeur.


Épisode dépressif (CIM-10)

Symptômes de l'épisode dépressif : 

Épisode hypomaniaque ou maniaque 

Période d'au moins 4 jours consécutifs, où la personne est expansive ou irritable, très différente de son fonctionnement habituel et présente au moins 3 des symptômes suivants :


Les modifications de l'humeur et du fonctionnement habituels sont évidentes pour l'entourage. Elles peuvent perturber les activités quotidiennes, mais sans gêner le fonctionnement professionnel ou social et sans nécessiter une hospitalisation. Les périodes séparant épisodes dépressifs et maniaques raccourcissent avec les années allant parfois vers une absence de période de rémission.


Dans certains cas, symptômes dépressifs et maniaques apparaissent en même temps, ou alternent très rapidement. Les activités professionnelles et sociales ou les relations interpersonnelles sont perturbées. Une hospitalisation est parfois nécessaire pour éviter des effets dommageables pour la personne ou pour autrui.

"Le patient doit s'imposer comme un véritable acteur de son rétablissement. Par ses actions et en apprenant à mieux se connaître, il va pouvoir agir positivement sur la maladie" (Annie Labbé, Association Argos 2001)

Évolution

Plusieurs facteurs peuvent favoriser l'évolution d'un trouble unipolaire en trouble bipolaire. Un trouble dépressif sévère avec des caractéristiques psychotiques ou mélancoliques, des épisodes dépressifs caractérisés (EDC) récurrents, l'hypersomnie et le ralentissement psychomoteur.

Les troubles bipolaires ont tendance à se développer à la suite de troubles dépressifs aigus, chez des personnes jeunes (avant 25 ans) n'ayant pas de troubles avant l'adolescence.

Il y a un risque de trouble bipolaire plus important quand un EDC apparaît après un accouchement en cas d'hypomanie d'origine pharmacologique et d'antécédents familiaux de bipolarité.

Une personne bipolaire non traitée aurait une espérance de vie inférieure de 20 ans à celle de la population générale.


Risque suicidaire

On estime que 20% des personnes ayant un trouble bipolaire décèdent par suicide.


15 à 20% des personnes souffrant d'épisodes dépressifs caractérisés commettent un suicide (OMS, 2001). Le taux annuel de suicide est 4 fois plus élevé chez les personnes souffrant de trouble dépressif que chez celles atteintes d'un autre trouble psychique, et 30 fois plus élevé que dans la population générale.

Les facteurs de risque suicidaire sont :


En cas d'idées suicidaires, ne pas hésiter à chercher de l'aide auprès de proches ou d'écoutants formés .

Vous trouverez plus d'informations sur la page dédiée au risque suicidaire .


Origine des troubles bipolaires


On situe l'origine de la dépression dans des expériences infantiles de perte, de souffrance et d'échec. Il existe une vulnérabilité génétique : une personne dont le parent de premier degré est atteint a 10 fois plus de risque de développer un trouble bipolaire.

Les évènements de vie (divorce, séparation, problèmes professionnels ou financiers...) et les stress répétés (surmenage, manque de sommeil, perturbation des rythmes sociaux et biologiques), sont des facteurs précipitant. Mais leurs effets dépendent aussi de facteurs complexes, psychologiques et biologiques.

Le modèle théorique actuel pour expliquer les troubles bipolaires est biopsychosocial : interactions complexes entre vulnérabilité génétique, modifications des systèmes de régulation du stress sous des influences environnementales diverses.

Le retard au diagnostic augmente le risque de suicide et celui d'évolution vers des cycles rapides (plus de 4 épisodes dans l'année, plus difficiles à traiter). Ce retard peut augmenter la durée des épisodes et les risques de complications (dépenses excessives, dettes, troubles du comportement, conséquences des consommations de toxiques : alcool, drogue). 


Soins et accompagnement


La réponse thérapeutique doit être adaptée à chaque personne en fonction du contexte clinique, biologique et social. L'objectif est de diminuer les symptômes, les troubles comportementaux et le risque suicidaire, mais aussi de protéger la personne, son entourage et ses biens. Le but est de permettre à la personne de trouver un équilibre qui lui est satisfaisant, pour vivre mieux, malgré la persistance éventuelle de la maladie.


A long terme, les soins et l'accompagnement visent à :


La prise en charge est pluridisciplinaire, coordonnée par le médecin traitant entre : services de psychiatrie publique ou privée, services sociaux, médico-sociaux, éducatifs, juridiques et médecine du travail. Les groupe d'entraide mutuelle (GEM), les associations d'usagers et de proches peuvent être d'une grande aide.

Dans la grande majorité des cas, le traitement est ambulatoire et nécessite la collaboration du patient et de son entourage. Il faut informer le patient (et si possible ses proches) de la meilleure stratégie thérapeutique envisagée, du délai d'action et des principaux effets indésirables des traitements médicamenteux. Une prise en charge ambulatoire dans un centre d'accueil à temps partiel, un hôpital de jour ou un atelier thérapeutique peut parfois être utile.

Dans certaines dépressions sévères à risque suicidaire important, lors de phases d'excitation maniaque ou lorsqu'un bilan somatique complet s'impose, une hospitalisation (parfois sans consentement) peut être décidée.

Dans tous les cas la personne doit être informée de la raison médicale et être associée aux décisions la concernant.

Les associations d'usagers et de familles peuvent apporter une aide et un soutien importants au patient et à son entourage.

Traitements médicamenteux

L'objectif d'un traitement par médicament psychotrope est de soulager la souffrance de la personne et de diminuer les troubles psychiques, afin d'avoir la meilleure vie possible.

Les médicaments ne résument pas le traitement. Le traitement des troubles psychiques fait appel à de multiples moyens : contacts réguliers avec les soignants, psychothérapie, réhabilitation psychosociale, accompagnement social, entraide mutuelle, etc. Les médicaments sont une partie du traitement qui peut aider la personne dans son parcours de rétablissement, en soulageant les symptômes qui la submergent.

Un dialogue ouvert avec les soignants est un élément essentiel pour la prise en compte des besoins et des difficultés des patients.

Psychothérapies

La psychothérapie de soutien est indispensable dans tous les cas. Elle contribue à améliorer le vécu du trouble au quotidien, l'appropriation du traitement, la compréhension du trouble, l'identification précoce des signes de rechute éventuelle, et aide à surmonter les symptômes résiduels.

Le choix de la psychothérapie la plus adaptée dépend de l'indication médicale, des attentes et des souhaits de la personne.


Éducation thérapeutique (ET)

Les programmes d'éducation thérapeutique et d psychoéducation aident la personne à connaître sa maladie, prévenir les rechutes et les complications évitables. Ils proposent une information adaptée, améliorent l'alliance thérapeutique et développent des capacités d'auto-surveillance et de meilleures aptitudes à la gestion des facteurs de stress.


Entraide

Les associations d'usagers, les groupes de paroles et les groupes d'entraide mutuelle apportent information, entraide et soutien.


Où s'adresser ?


Médecin traitant

Il est conseillé de demander l'avis de son médecin habituel qui peut orienter vers une consultation ou un service spécialisé, en fonction de la gravité de la situation.

Centres médico-psychologiques (CMP)

Les services de psychiatrie publique proposent des soins pour les troubles psychiques, pris en charge par la sécurité sociale. Se renseigner au CMP le plus proche du domicile (CMP Pontcharra : 04.56.58.89.00)

Associations de patients et proches

Argos 2001 :  www.argos2001.fr , 01 46 28 01 03 - 01 46 28 00 20

Bicycle (aide aux familles d'enfants ayant un trouble de l'humeur) : www.bicycle-asso.org

Groupes d'entraide mutuelle (GEM) : Liste disponible sur le site www.psycom.org - rubrique "où s'adresser" - "entraide"

Fédération nationale des associations d'usagers en psychiatrie (FNAPsy) : www.fnapsy.org, 01 43 64 85 42

Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapés psychiques (UNAFAM) : www.unafam.org

écoute famille au 01 42 63 03 03 ;